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G

Généalogie. Générosité, Grace, Grand livre des comptes (registre des mérites),

Gratitude, Gratuit.

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H

Héritage, Histoire, Honte, Hors compte,

 

 

Généalogie 

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L’important pour un sujet est moins de savoir « de qui » est-il né, mais davantage « pour qui » est-il apparu, pour qui a-t-il compté et continué à vivre. L’ arbre des ancêtres, l’origine sont interrogations sur une dette fondatrice, dette que le sujet pressant devoir à ses parents et ascendants, dette généalogie reportée des parents envers les enfants. 

Être inscrit dans une généalogie y prendre place est une chose s’inscrire dans les comptes du grand livre en est une autre. Un sujet peut souffrir de trous dans la continuité de sa biographie mais encore plus d’une absence « d’évaluation  responsable» des liens et des legs entre ses proches.
L’insertion dans une généalogie grâce à une histoire  transgénérationnelle  racontée offre à l’enfant un bouquet de cibles pour donner, recevoir, rendre et demander. « Ce qui stimule le plus les êtres à continuer à s'intéresser les uns aux autres est moins la qualité affective de leurs relations qu'une communauté de procréation et de racines » (IBN et U,1981)..

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« À n’importe quel moment, trois générations  se chevauchent. Les grands-parents sont-ils absents ou décédés, leurs influences persistent à s’exercer (...). Les luttes des générations antérieures survivent dans la structure de la famille nucléaire, (...) le comportement abusif d’un mari envers son épouse peut avoir un rapport plus significatif avec un nœud relationnel remontant à trente ou soixante années qu’avec l’actuelle attitude de son épouse.» (IBN et U,1981). La succession des générations n’érode pas l’injustice; « L'essentiel, le point de vue important dans l’entretien est de savoir si le patient peut faire quelque chose qui puisse aider la génération prochaine » (IBN).

 Les loyautés sont l’expression de l’identité d’appartenance du sujet à sa généalogie (D3). Elles correspondent pour chaque membre à une responsabilité  d’appartenance, elles participent à la structuration identitaire et à la continuité familiale.

 

Générosité

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L'approche contextuelle reconnaît une générosité à donner mais insiste parallèlement sur la disponibilité à recevoir. L’oblativité ne se conclut pas dans l’unique fait de permettre au partenaire de recevoir de bon cœur en excluant toute possibilité de retour.

La générosité est aussi une proposition faite au  proche pour qu’il soit lui-même donateur en formulant, par exemple, des demandes de bon cœur.: «Est-ce mon partenaire qui contrôle ma générosité? La réponse du partenaire est improbable»? (IBN 1994)

Position difficile pour le parent contemporain qui prétend à un engagement gratuit et à un don hors de tout compte qui se prouverait  par l’ingratitude de l’enfant. «Dans n'importe quel échange, il est difficile de percevoir qui donne ou qui reçoit. Pour tout parent, il est difficile de recevoir et de percevoir un don de l'enfant » (IBN 1994). L'approche contextuelle repère ici l'obstacle qui rend malaisé le crédit des adultes envers l’enfant apportant.

 

Grâce

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La grâce est ce que l'on accorde pour être agréable sans condition, sans que cela soit dû. Jusqu'à quel point se questionne Winnicott, un enfant a de sa mère l'idée d'une grâce, d’une générosité infinie et garantie quoi qu'il agisse et fasse? 

La véritable faveur est-elle du côté de celui qui reçoit  ou du côté de celui qui a eu la grâce de donner ? 

Existe-t-il dans nos vies des moments de grâce, de plénitude de soi, de « suffisance »; une suffisance qui n'aurait nul besoin d’autres qui se dispenserait de donner, recevoir , rendre et demander ?

 

Grand livre des comptes, Registre des mérites, livre des conséquences.  (ledger of merits) 

 

« L’individu à sa naissance entre dans un champ d’obligations, la charge qui lui incombe sera plus ou moins importante en fonction du dévouement, de la négligence ou de la vulnérabilité de ses parents. Les parents et leurs ancêtres étaient  pris dans de telles obligations et ils devaient équilibrer les obligations filiales et les obligations parentales. Ce constat oblige à concevoir le livre des comptes comme une structure multigénérationnelle. ». « Ce qui a été investi par la disponibilité, ce qui a été retranché par l’exploitation d’un partenaire restent inscrits dans les comptes invisibles des obligations et mérites »( IBN et Spark p 53 et 39)

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«Le grand livre» enregistre les mouvements de la navette du donner et du recevoir, Il engramme les déséquilibres des comptes relationnels et les efforts des participants d’une même juridiction pour rétablir la réciprocité.

« Le grand livre » définit les mérites et la configuration spécifique des droits et des redevances à acquitter par chacun au sein des dyades de la famille. Le passé ne peut pas se modifier, le droit destructeur ne peut-être occulté, les pages du livre des comptes ne peuvent pas être effacées mais chaque sujet est en mesure d’ajouter les lignes par des actions futures.

«Tout se passe comme si nos gestes s’inscrivaient dans un ‘grand livre‘ de comptes, pour y être enregistrés et faire archive. Les relations laissent des traces dans le psychisme, mais au-delà dans le monde humain ; les traces se perpétuent à l’écart de toute intention de les conserver et d’en faire histoire. « Administrateur des comptes ,  le grand livre»  enregistre la somme totale de tous les registres d’équité et de déséquilibre dans  lesquels la personne est impliquée. Il «contient les conséquences des déséquilibres et les efforts des participants pour rétablir l’équité». Il prend aussi le nom  de «livre des conséquences ». Il symbolise l’ensemble des voix des protagonistes vivants ou morts justifiant de leurs gestes, ce qu’ils ont fait aux autres, ce que les autres leur ont fait. Au cours d'un entretien, les vivants peuvent parler de la position de compte des membres décédés. 

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«Le grand livre» signifie que: 

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« les luttes d'innombrables générations antérieures survivent dans la structure de la famille nucléaire.

À n'importe quel moment trois générations au moins se chevauchent, les grands parents sont-ils absents ou décédés leur influence continue à s’exercer» (IBN). Les aspects psychologiques transactionnels et  éthiques perdent leurs pertinencess s'ils ne sont pas intégrés dans une perspective transgénérationnelle et multidirectionnelle »,

 

-que l’entreprise contextuelle ne résume pas à la mémoire d’une psychologie personnelle et intime, elle scotomiserait pour un sujet des pans entiers du passé, les histoires antérieures à son apparition à la vie. 

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-que l'ouverture du livre des comptes n’a de pertinence qu’entre les deux partenaires  de  la même juridiction. Le thérapeute de groupe ne fait pas de différence de nature entre le groupe familial est un groupe de participants qui ne vivent pas ensemble et qui n'ont ni enfants ni d'ancêtres communs.

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-que la manière de traiter les proches ne dépend pas de valeurs morales individuelles ou sociales, mais de la trame du donner et recevoir enregistrée dans «le grand livre ».


-Les pages du grand livre sont au fondement de la constitution et l’expression de l’identité éthique du sujet dans sa généalogie. Elles correspondent pour chaque membre à une responsabilité d’appartenance, elles participent à la structuration identitaire et à la continuité familiale.

La thérapie est une lecture en famille du grand livre qui nécessite une honnêteté multilatérale «Aucun membre de la famille ne peut seul, évaluer la comptabilité du grand  livre. On peut espérer que des interrogations sur les redevances réelles se feront jour si chaque membre de la famille s'efforce d'exprimer correctement son propre point de vue en prenant  en compte les options des autres et en renonçons à  exploiter.  L'expression contradictoire des divers points de vue subjectifs permet de parvenir à une certaine équité objective,  l'équilibre repose sur une considération multilatérale »(IBN 198I).

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Dans la maturité de son expérience clinique Boszormenyi-Nagy se pose une question centrale autour de son oeuvre :« Le livre de comptes est-il mort avec la notion de retour  indirect ? ». Mais alors «Pourquoi s'attacher à un retour direct si le partenaire peut obtenir un retour indirect? Notre nouveau modèle pose une telle question; on ne peut y répondre complètement. Le retour direct induit une culpabilité qui force à donner plus encore. Où est le point médian acceptable? Qu'est-ce qui fait qu'un parent a besoin d'un retour de la sollicitude de son enfant? Si cet enfant est capable de mettre un frein à la demande bouffante de son parent, il s'arrêtera de rendre........ pour pouvoir donner, pour trouver l'espace d'un don généreux,  pour donner spontanément» (IBN 1994). 

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Gratitude 

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Peut-on recevoir avec une totale ingratitude? La gratitude est-elle une reconnaissance de dette de partenaires qui se perçoivent mutuellement comme recevant plus qu'ils ne donnent? 

Plus l'enfant reçoit de parents dévoués, plus il ressent une gratitude et se charge d’un retour à la hauteur. L'enfant de la postmodernité occidentale fait figure d'enfant trop soutenu, trop désiré sur le seul compte de parents  dépourvus de liens généalogiques significatifs. Il se dévoue à une réception, à une réciprocité clandestine sans bornes à la seule cible parentale. 

D'un autre côté, « priver les enfants abandonnés de manifester une gratitude renforce leurs loyautés » envers les parents biologiques. « A-t-on le droit de priver un enfant de donner à des parents qui ne le méritent pas? », « Il faut reconnaître aux enfants  abandonnés le droit de donner à leurs parents biologiques. » (IBN). 

 

Gratuit

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Dans la « pureté » de son intention un partenaire peut-être persuadé de donner gratuitement, oublie-t-il de se demander : quels seront les effets sur le bénéficiaire? Ce dernier est toujours en possibilité et en droit de s’interroger sur ce qu'on lui veut quand on lui donne. Peut-il se sentir obligé ou craint-il de « se faire avoir » en recevant? Le sujet se freine-t-il alors dans le cycle du donner, recevoir rendre et demander? 

Pourquoi en voulons-nous à ceux qui nous ont fait du bien ? Rappelons la parole des parents au sujet de leur fille dans la chanson des Beatles « Nous lui avons offert toute notre vie, nous avons tout sacrifier pour elle, tout ce que l'argent peut obtenir nous lui avons offert, comment a-t-elle pu nous faire ça à nous qui n'avons jamais pensé à nous…. qu’a-t-on fait de mal? et "she’s leaving home". 

 

Héritage

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A l’inverse du don, nul n'échappe pas à son héritage, il ne présuppose pas toujours, une intention, un vœu à l’égard des héritiers. Les biens hérités portent-ils, comme dans  le don reçu, l’âme du défunt et réclament-ils un retour ?

Ai-je été une bonne fille, un bon fils? Ai-je été assez loyal à la charte des lignées pour recevoir de bon cœur, mériter, être à la hauteur de l’héritage ? Ai-je donné et assez pris pour recevoir cette héritage ?.

Le parent mérite-il que je reprenne à mon compte son patrimoine alors que la colère, la rancune envahissent ? Y-a-t-il un impayé transmis aux futures générations ? Pourquoi mes parents ne se sont-ils pas départis de richesses dont ils n’avaient nul besoin alors que moi l’enfant j’étais dans la nécessité ?

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L'héritage «du nom donne une place, situe l'enfant dans la société, Mais il y a une application éthique de ce nom qui va de pair avec la mesure de l'impact éthique du nom, quelles en sont les conséquences, en termes de patrimoine  de place dans le lignage ?» 

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«Nous devons considérer l'existence d'un héritage invisible, il conserve une comptabilité des obligations passées et présentes entre les membres de la famille. (.....). les

modalités des attentes, l'héritage de justice des générations passées et l’ensemble des comptes des actions présentes concoururent à la fabrication des loyautés. L'héritage familial invisible de la justice forme le contexte relationnel, il est une composante dynamique, la plus significative  du monde de l’individu. L'essence du monde de chacun est liée à la dimension éthique des relations il n'est nullement maîtrisable par l'ingéniosité ou l'intelligence » (IBN)

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« C’est à travers les générations qu’émerge la question de la signification de la justice comme principe de la dynamique familiale »

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Le fonds de l’héritage contient un sens, un filet de sécurité qui attache le sujet  à quelque chose qui vaut plus que lui-mêmes. Les fardeaux se  passent entre les générations comme un fil rouge, chacun tente de transformer culpabilité, clivage de loyauté, honte, méfiance pour gagner plus de liberté personnelle et d’ouverture pour la génération future.

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« La qualité de la survie des espèces dépend de la solidarité transgénérationnelle, chaque génération en bénéficie et contribue plus tard à cette solidarité (….). Il y a un héritage de droits et d’entraides.

L'ordre humain de la justice, de la solidarité transgénérationnelle est un partenaire silencieux pour les relations intergénérationelles » (IBN)

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« Les stratégies thérapeutiques basées sur l'héritage transgénérationnel diffèrent profondément des modalités basées sur la  psychologie (D2) ou les transactions (D3). Les héritages sont les déterminants de base des liens,  ils ne proviennent ni du vécu émotionnel ni des rapports de pouvoir. Si les thérapeutes ne sont pas persuadés de la portée de ces héritages par leurs expériences personnelles, ils tombent  dans un piège. ils pensent, alors, que le remboursement des obligations provenant de la procréation est une option facultative dépendant des sentiments des personnes concernées ou  de manipulations de pouvoir. En adoptant cette optique, les thérapeutes renoncent au plus puissant des leviers thérapeutiques » (IBN 1980).

L'approche contextuelle assume le dialogue avec les « invisibles », afin de retrouver la parole des disparus et mesurer en quels sens leurs questions sont toujours celles des générations vivantes.

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Histoire

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Sur quelles normes, quelles catégories du juste de l'injuste se trament, se parlent les histoires enchevêtrées au sein de la famille? Au nom de quoi se déploient des comptes qui provoquent des revendications, les justifications et autorisent de la considération et de la gratitude entre proches? 

Chacun au sein de son contexte est empêtré dans un océan d’histoires et de récits qui ont des versants éthiques. L’intention officielle ou dissimulée des romans familiaux est de « moraliser » les épisodes racontés, « de faire le bilan multigénérationnel des mérites et des obligations ».

Apparaitre dans une famille est une première naissance, naître à la « donne des cartes familiales » et mettre sa « mise » dans ce contexte en est une autre; La « quête des origines » ne se résume pas à une enquête biographique pour la vérité, la levée des « trous noirs généalogiques »; Elle se penche sur une histoire en termes de comptes entre chacun des partenaires. Elle nécessite de raconter à la génération montante une forme assimilable de l'histoire des ascendants qui ouvre à l’enfant des portes pour donner en rendant compatibles ses dons et demandes.

Boszormenyi-Nagy répète «l'enfant a droit au chaos dont il est issu » il a droit à ses engagements quelque soit la compétence et les ressources de sa famille. 

Les discours se tricotent à deux; se bousculent une foule de reproches, de justifications, de bienveillances qui se relient sans chronologie, les récits autour du don et de la dette activent les échanges et les correspondances entre les vivants de différentes générations et la cohorte des morts du passé. Les déficits de réciprocités, les exonérations, l’insolvabilité des comptes forgent une ossature familiale particulière.

Les narrations tricotées sein de la famille  sont les gardiennes pour la justice future, un enfant sans les récits des générations passées ne peut saisir son apport et être en rapport avec les siens.

Il y a de multiples façons, seul ou en relation à un thérapeute d'articuler des tranches de son histoire de vie selon des causalités de divers types. Dans le dialogue contextuel chaque membre d’une famille a à faire à des histoires croisées, chacun est le conservateur et gardien d'une version de l'histoire de l'autre, « chacun est un historien de l’autre » ( P  Aulagnier), Tous peuvent considérer comment les anciens ont donné pour la lignée future.

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Comprendre son histoire est la faire avec d'autres, les proches du  contexte familial. Avoir un récit fragmentaire de soi en présence des acteurs familiaux, raconté par des témoins permet au sujet se décentrer pour établir des relations plus réciproques. Les paroles s’axent autour des "disputes" de l’évaluation de la dynamique des échanges entre les membres passés et présents d'une même  famille.«La pratique professionnelle courante consiste fréquemment à reléguer à une simple information l’histoire les relations dans la famille d’origine: on enlève tout levier thérapeutique actif. La thérapie contextuelle s’appuie, au contraire, sur la dynamique relationnelle verticale  comme l’une des sources les plus importantes pour concevoir la stratégie  thérapeutique. » (IBN 1979)

 

Honte

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Pour l’enfant, une honte s’affiche d’avoir peu ou pas reçu de géniteurs mesquins et avares qui se « remboursent » sur lui. Il y a une honte de s'être consacré à donner confiance à des parents afin qu'ils deviennent « suffisamment bons »  sans réussir cette tâche. La honte se redouble devant l’accusation de certains professionnels qui « dénoncent » les parents soutenus par  l’enfant parentifié et qui disqualifient l’aide que celui-ci apporte aux adultes.

 

Hors compte

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Etre « hors compte » c’est refuser de monter sur la scène de l’échange, rendre dérisoire tout dialogue sur les échanges. Ce défaut de prise en compte de soi et des autres souligne un refus d’appartenir à une famille avec ses comptes multilatéraux communs. Il manifeste une volonté d’éviter un statut d'obligé qui contraindrait à être « partie prenante » de la navette du donner, recevoir, rendre et demander .

Le sujet « hors jeu » a l’impression d’usurper une place dans la généalogie car il est sans compte reconnu, il se vit comme superflu, un imposteur dépourvu de valeur en crainte d’être un objet jetable,  un déchet pour avoir « failli » à être partie prenante dans le contexte qui est le sien. il est en risque de vivre un esseulement radical dans le  monde humain. 

Être hors compte voue à être constamment dans le « présent », dans l'oblativité immédiate, la mutualité et la réciprocité instantanée dans des relations brèves .

Par contraste: se reconnaitre en compte est assumer le cycle du donner, recevoir, rendre et demander, accepter son incomplétude à combler l’autre, s’assumer débiteur en refusant un statut passif par un retour à cet autre selon ses besoins. 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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